« Le meilleur travail politique, social et spirituel que nous puissions accomplir est de retirer la projection de notre ombre sur les autres. » Carl Gustav JUNG
Les projections, selon Jung, sont des morceaux de notre inconscient qui se détachent de nous comme des étincelles et viennent se loger sur autrui. Nous croyons alors rencontrer une force extérieure, un ennemi, un sauveur, un modèle ou un persécuteur, alors qu’en réalité nous croisons une part de nous-mêmes laissée dans l’ombre. L’autre devient le miroir involontaire de ce qui dort ou se cache en nous.
C’est là un malentendu universel : nous attribuons à l’extérieur ce qui nous appartient en propre. Et tant que ce mécanisme reste inconscient, il entretient la confusion, la violence, la fascination ou la dépendance. Le monde ira mieux le jour où nous accepterons de voir que l’ombre que nous projetons n’est pas celle de l’autre, mais bien la nôtre. Car l’autre n’y est pour rien, il se trouve seulement placé, souvent malgré lui, dans le rôle de révélateur.
Dans l’espace de la Danse Thérapie EMVC®, cette vérité devient palpable. Le corps, dans son langage brut, ne ment pas. Une attirance irrépressible pour un partenaire de danse, un rejet instinctif, une colère soudaine face à un geste : tout cela raconte bien plus que la situation présente. Ces mouvements trahissent nos projections. Ils dessinent sur l’autre les contours de ce que nous refusons de voir en nous-mêmes.
Le processus thérapeutique, en EMVC®, consiste à accompagner cette révélation par le mouvement et par l’écoute. Au lieu de figer la projection en accusation ("tu es…"), nous la transformons en exploration ("que dit de moi ce que je vois en toi ?"). La danse devient alors un lieu d’alchimie : ce que j’attribuais à l’autre se réintègre comme matériau vivant de mon individuation.
Si collectivement nous prenions conscience de ce mécanisme, bien des conflits s’apaiseraient. Au lieu de jeter nos ombres sur les peuples, les proches, les collègues ou les amants, nous apprendrions à les recueillir en nous, à les danser, à les métaboliser. Le monde se pacifierait non pas par une suppression des tensions, mais par une reconnaissance partagée : chacun est porteur de son ombre, et l’autre n’est qu’un miroir nécessaire, non un coupable.
Alors la projection cesserait d’être une arme pour redevenir ce qu’elle est dans son essence : une invitation à entrer plus avant dans la connaissance de soi.
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