« Celui qui juge s’enferme dans l’idée qu’il se fait du monde, oubliant que la vérité danse bien au-delà des certitudes. » Valérie GALENO-DELOGU
Il était une foi
Dix années ont lentement façonné un souffle, qui aujourd’hui se déploie en un appel… sous les accents de Rachmaninov[1], où chaque note amplifie sa résonance.
« Ne te fie pas à l’image que tu te fais de moi.
Ce n’est pas parce que je ne te prends pas dans mes bras que je ne t’apprécie pas.
Ce n’est pas parce que j’affirme mes opinions que je prétends détenir la vérité.
Ce n’est pas parce que j’emploie parfois des mots crus que je suis vulgaire.
Ce n’est pas parce que je fais preuve de détermination que je n’ai pas de doutes.
Ce n’est pas parce que je me montre détendue que je ne prends pas les choses au sérieux. Ce n’est pas parce que je ris aux éclats que je ne verse pas de larmes en silence.
Ce n’est pas parce que certains m’apprécient que d’autres ne me détestent pas.
Ce n’est pas parce que je t’interromps que je ne t’écoute pas.
Ce n’est pas parce que je suis franche que je manque de bienveillance.
Ce n’est pas parce que je ne m’entoure pas de belles formules que je ne fais pas preuve de sagesse.
Ce n’est pas parce que je ne parle pas d’amour inconditionnel que je ne sais pas aimer.
Ce n’est pas parce que je ne m’habille pas en blanc que je suis noire.
Ce n’est pas parce que je suis petite que je ne suis pas grande à ma manière.
Ce n’est pas parce que je mange de la viande que je ne suis pas soucieuse de l’environnement.
Ce n’est pas parce que j’ai des engagements politiques que je suis déconnectée de la spiritualité.
Ce n’est pas parce que je pratique la psychanalyse que je ne crois pas aux mystères de la lune et aux guides invisibles.
Ce n’est pas parce que j’ai souvent des maux de tête que je suis trop cérébrale.
Ce n’est pas parce que j’exprime mes colères que je suis une femme enragée ou égocentrique.
Ce n’est pas parce que je ne te souris pas toujours que je ne t’apprécie pas.
Ce n’est pas parce que je perds parfois pied que je ne suis pas sensible.
Ce n’est pas parce que je parle fort que je manque de discrétion.
Ce n’est pas parce que j’ai une opinion que je te juge.
Ce n’est pas parce que j’affirme que je cherche à manipuler.
Ce n’est pas parce que je rétorque que je suis malveillante.
Ce n’est pas parce que j’explique que je cherche à me justifier.
Ce n’est pas parce que j’ose que je ne tremble pas intérieurement.
Ce n’est pas parce que je prends du recul que je ne suis pas empreinte d’amour.
Ce n’est pas parce que j’aime la bière que je suis alcoolique.
Ce n’est pas parce que je te contredis que j’ai forcément raison.
Ce n’est pas parce que j’écris ces mots aujourd’hui que je vise quelqu’un en particulier.
Ce n’est pas parce que tu n’aimeras pas ce message que mon ego en souffrira.
Alors, dois-je continuer ? Ou faut-il crier haut et fort qu’il est plus que temps de briser les carcans qui nous enferment ? »[2]
[1] Compositeur et pianiste russe dont la musique mêle virtuosité et profondeur mélancolique.
[2] Valérie GALENO-DELOGU